Ce qui s’est passé au sein d’Air Mauritius devrait interpeller chacun d’entre nous. C’est un fait qu’il s’agit d’une entreprise autonome et une entité légale à part entière même si l’état est actionnaire majoritaire. Elle opère dans un environnement hautement compétitif et nous pouvons tous comprendre que tous les détails des délibérations et décisions des directeurs ne peuvent être rendus publics.
Mais en tant qu’entreprise publique listée en bourse, il y a un minimum d’information qui doit être communiqué à tous les actionnaires indistinctement, en particulier en ce qu’il s’agit du poste de CEO. Nous pensons que le gouvernement et le conseil d’administration doivent des explications aux actionnaires et à la population.
Le véritable actionnaire principal d’Air Mauritius est l’État, pas le gouvernement. Le gouvernement est le groupe de personnes à qui, dans le processus démocratique, la population délègue son pouvoir pour représenter et diriger l’État. L’État subsiste alors que les gouvernements changent. Le gouvernement n’est pas le propriétaire des biens de l’État.
Les membres du conseil d’administration nommés par le gouvernement sont les représentants de l’état. Ils ont un devoir et une responsabilité fiduciaire à agir en leur nom personnel dans l’intérêt de l’entreprise. Est-ce que ceux qui sont des nominés politiques agissent dans l’intérêt des institutions qu’ils dirigent ou agissent-ils afin de satisfaire uniquement des agendas et considérations politiques ?
Air Mauritius est une marque référence, une entreprise listée en bourse qui se projette à travers le monde pour donner une image de notre République. Il est donc essentiel que les principes de la bonne gouvernance y soient pratiqués afin de préserver la réputation du pays et de ses institutions. Les décisions doivent être prises en s’assurant de la participation des directeurs indépendants libres de toute perception de conflit d’intérêts, ce qui est d’autant plus important dans le cas des entreprises qui comptent des actionnaires minoritaires.
Le gouvernement actuel, dans son programme pré-électoral, avait fait de la transparence et la méritocratie son cheval de bataille et il avait promis un changement radical par rapport aux pratiques précédentes. Et c’est surtout sur cette base et sur le rejet grandissant de la population pour les abus et passes droits qu’il a été élu. A ce jour, la population mauricienne ne sait toujours pas selon quels critères les nominations sont faites au sein des conseils d’administrations publics ou à la tête des institutions.
Il est urgent de mettre un terme à la politisation des institutions et corps para-étatiques de notre République. Nous attendons des membres du gouvernement qu’ils encouragent un sens de la responsabilité, de l’éthique, de l’intégrité et de transparence dans leurs actions et dans celles de leurs représentants.
Transparency Mauritius